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Genre : construction de tableau, majorité territoriale, cartes à effets
Créateurs : Remo Conzadori, Fabio Lopiano
Illustrateur : Edu Valls
Éditeur : Iello (VO par Devir Games)
Nombre de joueurs : 1 à 4
Nombre de joueurs optimal : 3
Durée : 1 heure et des brouettes
Complexité : modérée
Surface de jeu recommandée : table du salon
Prix : 35 €
L’un de mes plus vieux souvenirs remonte au jour où mes parents m’ont emmené voir un cirque à trois pistes, héritier de Barnum. Du haut de mes quatre ans, c’était la première fois que je voyais un chapiteau aussi grand. En m’approchant, je le voyais grandir comme un palais, immense, presque écrasant, fascinant. Je ne me souviens guère du spectacle en lui-même. L’American Circus – dont j’apprendrai plus tard qu’il est italien, ce qui prouve que la vie n’est que mensonge et déception – m’a fasciné par son esthétique, mais j’ai donc clairement dû m’y faire suer. Cette sensation, 3 Ring Circus la reproduit parfaitement.

L’âme Gruss

On y engage des artistes (des cartes et leurs effets) à poser sur les trois lignes principales de son plateau personnel, en s’adaptant aux bonus ou malus recouverts au passage. Oui, les trois pistes circulaires sont représentées par trois rangées de cartes, moi aussi ça me rend fou. Chaque artiste ou animal a un coût, payé en en défaussant d’autres de sa main. Un éléphant contre deux clowns, un cracheur de feu et une ballerine, voilà qui rappelle les heures sombres de la Traite des trapézistes de 1832, de sinistre mémoire.

L’autre action possible est de se balader sur la carte des États-Unis pour lancer des spectacles. Chez les bouseux, cela permet de piocher de nouveaux artistes (ou pognon, c’est donc pareil), les villes moyennes ou les métropoles sont plus regardantes, mais offrent des points de victoire ou de piocher des stars plus cotées dans une rivière. Régulièrement, on fait une petite majorité de chapiteaux dans l’une des régions, car « L’État de Washington est trop petit pour plus d’un monsieur Loyal, Gringo ! ».
Photo : Francesco-Chirichella.

Dans la jongle, terrible jongle

Bref, c’est finalement simple, un petit jeu de construction de tableau presque familial, beaucoup trop chargé en icônes pour ce qu’il est, et c’est comme le cirque : ça lasse très vite et l’on n’y retournera qu’une fois tous les 10 ans. Surtout que des tas de détails agacent : la carte la plus chère de chaque rangée offre autant de réduction de prix pour le cachet des autres, ce qui tue souvent la tension économique, le vernis « cirque » cache à peine les maths en dessous (« Bon, ben, j’engage un 7 bleu ». Mais il a un nom, Michel ! Respecte Rodriguo, le plus célèbre lanceur de cuillères de Mexico !).

Ce n’est pas désagréable à jouer, mais rien ne le fait jamais vraiment décoller. Il y manque le punch des autres petites boîtes de Devir, aussi localisées par Iello, ce petit plus qui fait qu’on n’y joue pas en mode automatique, et qui les fait ressortir des étagères. Si vous ne les avez pas, préférez-lui La Cathédrale Rouge, Le Château Blanc, ou même Bamboo.