image
image
(Crédit photo : Patill)
image
image
Genre : simulateur de vol
Développeur : Asobo (France)
Éditeur : Microsoft
Plateformes dispo : Windows, Xbox Series
Plateforme test : Windows
Téléchargement : 50 Go
Date de sortie : 19/11/2024
Langues : français, anglais
Prix : de 80 € à 220 € selon l'édition
Ce mardi, j'ai réinstallé la version anticipée d'Infection Free Zone et j'ai construit une jolie forteresse anti-zombie jusqu'à 2 heures du mat'. Le lendemain, mercredi, j'ai écrit quelques heures, j'ai fait un peu de sport, et je suis retourné sur Infection Free Zone. Ma forteresse s'est bien développée, et j'ai même commencé à produire des fusils de sniper pour repousser plus efficacement les vagues de monstres. Jeudi, vendredi, samedi, dimanche, même programme. Franchement, une bonne fin de semaine.

« Mais n'es-tu pas un bougre d'irresponsable !, me dira peut-être le lecteur énervé. Tu aurais dû jouer à Flight Simulator 2024 ! J'attendais le test ! Je voulais savoir ce que le jeu valait ! » Eh bien non. Quand j'ai vu le psychodrame planétaire qui se dessinait mardi 19 novembre aux alentours de 18h00, une heure après la sortie mondiale du jeu, je me suis dit que j'allais m'épargner tout ce stress.

Seum Simulator 2024

Alors j'ai fermé Internet, et continué ma petite vie paisible. Ma propre sagesse m'émerveille. Allez, je vous l'avoue : j'ai quand même suivi de loin le lancement cauchemardesque de Flight Simulator en lisant le canal dédié au jeu sur le Discord de Canard PC. C'était rigolo. Les attentes interminables pour lancer le jeu, dont la barre de chargement se bloquait à 12 % pendant des heures. Les serveurs de Microsoft totalement saturés qui n'arrivaient plus à streamer les paysages et obligeaient les joueurs à voler, entre deux plantages, dans des décors à la Minecraft. Quel désastre.

Microsoft a grossièrement sous-estimé l'intérêt que susciterait le jeu.

J'imagine la frustration, la rage, la colère, la haine qu'ont dû ressentir les acheteurs qui ont claqué entre 80 et 220 € pour le jeu. La réputation qu'Asobo s'est patiemment construite durant les quatre dernières années sur Flight Simulator 2020 s'est évaporée en 24 heures. On sait ce qui s'est passé : Microsoft a grossièrement sous-estimé l'intérêt que susciterait le jeu et n'a pas dimensionné correctement son infrastructure réseau. Il faut leur pardonner :  cet éditeur reste une toute jeune start-up. Ils n'ont probablement à leur disposition que deux ou trois Pentium branchés sur un modem 56k au fond d'un garage de la banlieue de Redmond.

80 €, c'est déjà bien assez

Flight Simulator 2024 est disponible en quatre versions : Standard (80 €), Deluxe (110 €), Premium Deluxe (140 €) et Aviator (220 €). La différence se fait d'abord au niveau des aéroports « modélisés à la main », mais elle est minime : 150 sur l'édition de base, 160 sur l'édition la plus coûteuse. Pour les avions, les versions élitistes du jeu peuvent sembler alléchantes (80 appareils sur la Deluxe, 95 sur la Premium, 125 sur l'Aviator) mais ne vous inquiétez pas : tous les engins essentiels, du petit Cessna aux gros Airbus/Boeing, et rigolos (la montgolfière, le ballon dirigeable, les avions militaires, les machines exotiques comme le Beluga et l'Optica...) figurent déjà parmi les 70 modèles de l'édition pour prolos. Économisez donc votre argent, et faites-vous plaisir quand ouvrira le MarketPlace, qui proposera des tonnes d'aéroports et d'avions d'une qualité parfois bien supérieure à celle du jeu de base.

En deux minutes !

Le lundi suivant, cinq jours après la sortie du jeu, j'ai donc ressorti le joystick, la manette des gaz, le palonnier, et je me suis pointé comme une fleur sur Flight Simulator 2024. À huit heures du matin, il n'y avait pas d'embouteillages, j'ai donc pu charger le jeu en (très exactement) deux minutes et cinq secondes. Comparé aux cinq minutes qu'il me fallait habituellement pour atteindre le menu de Flight Simulator 2020, ça m'a fait plaisir.

Comme sur chaque nouveau simulateur, il faut d'abord passer par la configuration des contrôles. J'ai été ravi de voir que ces menus, un peu pénibles à utiliser dans l'épisode précédent, sont plus réactifs et plus complets. On peut désormais créer des profils de base pour chaque périphérique afin de gérer commandes communes (tangage, roulis, gaz), puis les dériver dans des sous-profils dédiés à différents appareils. Une fois que tout est bien réglé, il n'y a plus besoin de faire de manip' pour passer d'un DR-400 à un Boeing 737, ou d'un avion à un hélicoptère. C'est un détail, mais sur le long terme, ça va être bien pratique.

Les hélicoptères sont encore mieux traités que sur FS2020, avec de nombreux appareils inclus dans le jeu de base et des modèles de vol irréprochables. (Crédit photo : Patill)

Non mais attendez, c'est beau

Cinq minutes plus tard, me voilà donc aux commandes d'un Cessna 172 dans le ciel chargé de la région parisienne. Désolé pour les amateurs de réactions outrées, mais sur mon gros PC (5800X, GeForce 3090, 32 Go), ma grosse connexion Internet et mon gros écran 4K HDR, Flight Simulator 2024 a tout de suite été magnifique. Ce qui frappe, surtout, c'est la lumière. Le soleil « tape » différemment, il se diffuse de manière beaucoup plus réaliste sur les nuages, l'horizon, les paysages. Et les performances, malgré la surcharge de travail du moteur 3D, sont identiques, voire légèrement supérieures à ce que j'avais sur FS2020.

Aucun jeu n'est capable de vous afficher la Terre entière avec un tel niveau de fidélité.

En passant sous les mille pieds, j'aperçois bien çà et là quelques buildings un peu tordus et des arbres au placement discutable. Mais il faut regarder l'ensemble. Lorsqu'on n'a pas le nez collé à l'écran pour chercher le moindre défaut et en faire un post X scandalisé, ça reste extraordinairement beau et réaliste. Il faut être raisonnable : on ne peut pas demander à un simulateur de vol de nous afficher à la perfection chaque mètre carré du globe avec la finesse graphique d'un shoot 3D sous l'Unreal Engine.  À l'heure actuelle, aucun jeu vidéo n'est capable de vous afficher la Terre entière avec le niveau de précision et de fidélité offert par Flight Simulator 2024. Si vous trouvez mieux ailleurs, envoyez-moi un e-mail.

Vérifiez la taille de vos tuyaux

Contrairement à FS2020 et ses mises à jour de 60 Go, Flight Simulator 2024 stocke peu de choses sur votre disque dur. C'est pourquoi son répertoire d'installation reste relativement contenu (50 Go) et les temps de chargement sont rapides. En jeu, le terrain, les textures et même les avions sont téléchargés à la demande depuis les serveurs de Microsoft (et stockés sur un cache en local, dont la taille est réglable). En 40 heures de pratique, sur une fibre Orange, j'ai eu un seul souci : un avion qui ne s'est pas affiché au démarrage et m'a obligé à relancer le vol – l'appareil s'est alors tout de suite chargé sans problème. Mais je fais partie des privilégiés. La situation est beaucoup moins rose pour ceux qui jouent sur une connexion Wi-Fi chancelante au fin fond de la campagne.

Fin novembre, Microsoft a déjà annoncé plusieurs patchs pour améliorer les choses. Il est toutefois probable que le jeu reste dépendant de ce système de streaming en temps réel, et qu'une connexion Internet bien stable, à haut débit, soit nécessaire pour en profiter.

(Pas) éclaté au sol

Du côté du moteur physique, là aussi, FS2024 offre de belles améliorations. N'étant pas un de ces experts d'Internet qui, forts de leur longue expérience – un baptême de vol de trente minutes – sont capables de vous expliquer pourquoi tel appareil n'a pas un cOmPorTemEnT rEaLiStE, j'étais déjà très content des modèles de vols de mes appareils favoris sur FS2020. J'ai testé, entre autres, le Cessna 172 bien sûr, le Citation CJ-4, le nouvel A400-M et même l'Airbus A320 de Fenix (pour moi le meilleur add-on sur FS2020, qui a été mis à jour sur FS2024 en moins d'une semaine), et tout semble impeccable.

On sent bien le « poids » des avions dans les commandes, et surtout, un gros travail a été accompli sur les interactions avec le sol, dont le relief est beaucoup plus complexe. Les phases de roulage sont plus agréables, il n'y a plus de sensation « savonnette » lorsque l'avion vire sur un taxiway, ni l'impression de décoller depuis une autoroute lorsqu'on s'élance sur un terrain de fortune. L'effet de flottement lors de l'arrondi à l'atterrissage, qui avait suscité beaucoup de débats sur FS2020, a été réduit. Ce sont des appréciations souvent subjectives et dépendantes de l'appareil utilisé, mais il y a incontestablement des changements dans la bonne direction. Même les frottements de patins des hélicoptères sont mieux rendus.

Je ne pensais pas que c'était possible, mais le rendu des nuages s'est encore amélioré sur FS2024. La propagation de la lumière entre les différentes couches est prodigieuse.

Voler pour de l'argent

Tout ce que je vous ai raconté concerne mon expérience en mode Vol Libre. Pour l'édition 2024, Asobo a entamé, à la demande pressante de la communauté du jeu, le développement d'un mode Carrière. Le but : donner aux joueurs et aux joueuses des objectifs, avec des passages de licences pour piloter de nouveaux avions, des missions à remplir pour gagner des piécettes virtuelles et des points de réputation à gagner en volant le plus proprement possible. En soi, c'est très louable. Asobo a repris ce qui existait déjà sur FS2020 sous forme d'utilitaires externes  (NeoFly, Skypark, OnAir...) et l'a intégré au jeu de base.

Ce mode Carrière n'aurait jamais dû sortir dans un état aussi bancal.

Cette gamification de Flight Simulator part d'un bon sentiment : permettre aux novices d'avoir un jeu plus structuré, en les faisant démarrer sur un petit avion, avec des tutoriels, des examens, une progression claire, et offrir aux pilotes expérimentés l'opportunité de découvrir de nouvelles activités aériennes comme l'épandage agricole, le transport médical ou les vols publicitaires. Le problème est que ce mode Carrière n'aurait jamais dû sortir dans un état aussi bancal.
Flight Simulator 2024 est peut-être le seul jeu capable de rendre la banlieue parisienne excitante.
Une amélioration graphique parmi d'autres : l'éclairage urbain. Le survol nocturne des villes est un vrai bonheur.

Missions impossibles

C'est simple, rien ne va. Il y a des dizaines de petits bugs qui donnent envie de s'éclater la tête contre la vitre du cockpit. Plutôt que de scripter des missions sur des zones prédéfinies, Asobo nous permet de démarrer une carrière depuis n'importe quel aéroport de la planète. C'est louable. Mais le système de génération dynamique des missions est encore trop approximatif. Par exemple, il peut vous faire débuter en Cessna sur un héliport (spoiler : vous n'aurez jamais la place de décoller). Puis il peut vous demander de faire un trajet beaucoup trop long par rapport au carburant alloué, ou vous envoyer sur des altitudes délirantes. Quand ce n'est pas simplement l'avion qui est garé dans un immeuble, ou un bon vieux retour au bureau Windows en plein vol.

Et même quand une mission se déroule sans accroc (cela arrive tout de même la majeure partie du temps), le jeu insiste pour vous pourrir la vie. Il fait des erreurs dans le calcul des crédits gagnés, ruine votre réputation pour des fautes imaginaires, rend certains avions financièrement inaccessibles. C'est une misère. Pour l'instant, je préfère donc rester sur le Vol Libre, dans lequel je m'invente mes propres histoires et mes objectifs, comme sur FS2020. Je retenterai sûrement une carrière dans quelques mois, en espérant que les problèmes les plus gênants soient corrigés. J'avoue que ça m'énerve un peu, car toutes les missions excitantes qu'on a vues dans les bandes-annonces du jeu (la lutte anti-incendie, les vols de surveillance des tornades, etc.) sont verrouillés derrière ce mode Carrière qui broie l'âme.

À la carte pour pas cher

Pour jouer « sérieusement » les pilotes de ligne sur Flight Simulator, il faut payer la taxe Navigraph : un abonnement d'une centaine d'euros par an qui permet d'avoir accès aux indispensables cartes et bases de données de navigation aérienne, mises à jour tous les mois. Je la paye depuis des années et, pour parler crûment, ça me fait bien mal au fion.

La situation pourrait changer avec le nouveau Flight Planner de Microsoft. Accessible depuis la tablette du jeu ou n'importe quel navigateur Internet, il offre gratuitement le même service. Avec en prime des cartes LIDO, que je trouve bien plus jolies et lisibles que les cartes Jeppesen de Navigraph. L'aspect planification de vol n'est pas encore aussi fonctionnel et complet que Simbrief, mais j'ai bon espoir que l'outil soit perfectionné dans les prochains mois.

C'est très sympa de pouvoir enfin marcher autour de l'avion comme dans un FPS. Je fais même du roleplay en allant saluer les agents de piste. Là, c'est Chantal, une copine.

Carrière, aujourd'hui, demain

Faut-il donc acheter Flight Simulator 2024 aujourd'hui ? Si vous êtes un débutant complet et que vous comptiez sur le mode Carrière pour vous mettre le pied à l'étrier, vous devinez que je conseille la prudence. À l'heure actuelle, l'expérience reste trop buguée, trop frustrante. Attendez quelques mois et réessayez le jeu sur le Game Pass courant 2025.

Les améliorations de Flight Simulator 2024 devraient gentiment nous faire abandonner ce glorieux compagnon qu'a été FS2020.

Si vous êtes un simmer expérimenté en revanche, il n'y a pas vraiment à réfléchir. Flight Simulator 2024 n'est pas aussi parfait et pimpant que je l'espérais, mais les améliorations qu'il propose, aussi bien sur le plan technique (rendu graphique, modèle de vol...) que sur des petits détails améliorant l'immersion et la « Quality of Life » (le flight planner et la tablette intégrée à tous les avions, les profils de contrôles, le walkaround en vue à la première personne...), devraient gentiment nous faire abandonner ce vieux, ce glorieux compagnon qu'a été Flight Simulator 2020. Certes, il reste encore un peu de boulot pour que tout soit irréprochable, même en mode Vol Libre. Mais vu la façon exemplaire dont Asobo a travaillé ces quatre dernières années sur l'épisode précédent, je n'ai pas beaucoup de doutes sur le fait que Flight Simulator 2024 sera un grand simulateur de vol en 2o25.

Notre avis

ackboo le 3 décembre 2024

| Modifié le le 6 décembre 2024

Bon, on ne va pas se mentir, au-delà des problèmes techniques cauchemardesques qui ont ruiné la sortie du jeu (et qui sont plus ou moins réglés à l'heure où j'écris ces lignes), Flight Simulator 2024 aurait eu besoin de quelques mois de développement en plus, surtout sur son mode Carrière. Pour l'instant, seul le mode Vol Libre permet de profiter sereinement des améliorations spectaculaires offertes par ce nouvel épisode. Je reste néanmoins très optimiste pour le futur de ce splendide simulateur, vu l'historique impeccable d'Asobo sur Flight Simulator 2020.